Les Echos (26 octobre 2015) Philippe Maraval est le directeur des
achats groupe de Pôle emploi depuis l’année 2011. Il a publié, au mois
d’octobre, « Optimiser la commande publique », un livre qui définit les «
organisations, acteurs et méthodes d’un service achats plus
performant » aux éditions Dunot.
Quels sont, d’après-vous, les dysfonctionnements dont souffre l’achat public ?
La
prise en compte de la fonction d’achat comme entité à part entière est
relativement nouvelle pour les établissements publics et les
collectivités. Là où les entreprises privées et l’Etat possèdent une
direction des affaires juridique en charge de l’achat public depuis une
trentaine d’années, les plus petites entités territoriales s’en sont
équipées il y a à peine quinze ans. Certaines n’en possèdent pas encore.
La fonction d’achat autonome n’existe donc même pas pour elles.
Comment y remédier ?
Il
est essentiel, pour toute personne publique, de bien définir les
besoins qu’un appel d’offres satisfera. Les collectivités doivent faire
une introspection, se demander « de quoi ai-je réellement besoin » ?
C’est un préalable à la réussite d’un marché. Si le besoin est
clairement défini, c’est un cercle vertueux qui s’engage : appel
d’offres bien rédigé, réponses claires et bien évaluées, transparence
des procédures, transparence des réponses… Les rédacteurs de l’appel
d’offres sont aussi des conditions sine qua non à la réussite
du processus. Il faudrait aussi que les personnes qui travaillent au
sein de la fonction d’achat soient qualifiées et aient une bonne
connaissance des différents marchés. En effet, on ne fait pas un marché
de travaux comme un marché de fourniture ou encore de service, il faut
bien connaître les différentes familles d’achat, leur économie propre
pour permettre un marché au plus près du « juste prix ».
Que pensez-vous des mesures prises par le gouvernent pour simplifier et fluidifier la commande publique ?
Une
révision du code des marchés publics est nécessaire. La promulgation de
l’ordonnance Marchés publics, cet été, est une grande avancée. Ce
texte, plus moderne, est une parfaite boite à outils. Les principes de
transparence, d’égalité, de juste mise en concurrence sont respectés.
L’enjeu, et le gouvernement l’a bien compris, est d’organiser et
d’imposer la fonction d’achat au sein des collectivités comme une valeur
à part entière.
A quoi ressemblera l’achat public de demain ?
Les
modes de mise en concurrence, les seuils, la procédure négociée… A
mesure que les lois changent, les pratiques entrent en mutation et le
secteur est en proie à un grand nombre d’innovations. Les acheteurs
publics excellent désormais dans la connaissance des flux de dépenses et
la mise en place de logiciels, de référentiels de cotations techniques
de plus en plus précis améliore la fonction d’achat.
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