Les Echos (28 octobre 2015) Alors que la réforme du droit de la commande publique bat son plein, le sujet de la performance des achats publics est plus que jamais sur le devant de la scène.
C'est un sujet en vogue. Il fait même l'objet
d'études scientifiques, comme celle lancée par la chaire optima de
l'université de Pau sur l'évaluation de la performance des achats publics dans les collectivités locales, qui s'appuie sur une vaste
enquête effectuée auprès de ces dernières. Son objectif est de présenter
un panorama des évolutions des pratiques en la matière. Au-delà, il
s'agit d'évaluer si cet intérêt relève du phénomène de mode ou d'un
mouvement plus profond par lequel l'économique prendrait le pas sur le
juridique.
Blocages culturels
L'objectif
d'un achat performant et efficient est naturellement partagé tant au
sein des entreprises que des collectivités publiques, ces dernières
ayant tout particulièrement conscience de l'effet de levier
des achats dans un contexte de restriction des dépenses budgétaires. Et
la différence entre les achats privés et publics se fait au niveau des
outils permettant d'atteindre un tel objectif. Tableaux de bord,
indicateurs de performances, contrôle de gestion, clauses incitatives...
même si la situation évolue, encore trop peu de services d'achat ont
intégré et utilisent de tels outils. Sur ce plan, on peut cependant
espérer que, sous les effets de la mutualisation et de la mise en place
progressive de collectivités et structures intercommunales de grande
taille, de tels services vont pouvoir se doter des compétences et mener
une véritable politique performantielle, non seulement dans leurs
achats, mais aussi dans des domaines comme la gestion des ressources
humaines ou celle de leur patrimoine. Deux exemples montrent qu'il
existe encore un fossé entre le public et le privé.
Le premier est
relatif à la comptabilité analytique,
instrument bien connu des entreprises privées afin de rendre
intelligible et traçable l'ensemble de leurs recettes et dépenses. Or,
un tel outil de bonne gestion de l'argent tant privé que public est
encore trop méconnu dans la sphère publique, alors qu'il est sans nul
doute indispensable ne serait-ce que pour garantir un suivi efficace des
indicateurs économiques appliqués aux achats.
L'autre exemple est celui
du sourcing. Pourtant adoubé par une décision du Conseil d'Etat du 14 novembre 2014, il continue à effrayer nombre d'acheteurs publics qui
craignent d'être accusés de connivence avec le monde des prestataires
privés. Pourtant, une bonne connaissance du tissu économique est sans
conteste un critère majeur de réussite d'un achat. Bien d'autres
exemples pourraient être cités, à l'instar de la négociation qui, sous
l'influence du droit européen, va mécaniquement s'étendre au sein des
procédures formalisées mais qui continue à bloquer des acheteurs qui ne
s'estiment pas capables de dialoguer à armes égales avec le secteur
privé. Ou encore des enchères électroniques, couramment utilisées par
les acheteurs privés mais totalement boudées par les acheteurs publics.
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